Newsletter  Décembre  2017

Mise en scène et scénographie Philip Boulay

Collaboration artistique et chorégraphique Caroline Marcadé

Avec Vincent Ozanon

Création Lumières Stéphane Loirat

Création Son Jean-François Domingues

Régie Denis Amar, Stéphane Loirat (en alternance)

Administration de production Jean-Christophe Boissonnade

Ce que j’appelle oubli

de Laurent Mauvignier

Création

 

Production : Wor(l)ds… Cie.

 

Avec les soutiens

entre Dramatique National de Normandie Rouen (résidence de création), Théâtre du Beauvaisis, Scène nationale de l’Oise en préfiguration, l’Espace Bernard-Marie Koltès, Scène conventionnée pour les Écritures contemporaines de Metz, le Théâtre de l’Oriental de Vevey (Suisse). Avec l’aide de la Direction Régionale des Affaires Culturelles Ile-de-France (Aide à la création) - Ministère de la Culture et de la Communication et de la Ville du Pré Saint-Gervais.

Remerciements

Théâtre de la Poudrerie/Sevran, Bureau de production «Les Indépendances», les équipes techniques du Rexy/Mont Saint-Aignan et du Centre Dramatique National de Normandie Rouen, Jean-Guy Lecat, Thierry Thieû Niang, Albertine M. Itela, William, Élyna et Sully.

 

 

Du mercredi 13 au jeudi 14 décembre 2017 à 20h00

Espace Bernard-Marie Koltès / Théâtre du Saulcy

Scène conventionnée pour les écritures contemporaines de Metz

Infos, réservation et Billeterie : 03 72 74 06 58 - www.univ-lorraine.fr/culture/espacebmk

Des existences que la misère rend transparentes

 

C’est par une phrase, unique, sans majuscule initiale et sans point final, que s’offre à nous ce récit. Un jeune homme entre dans un supermarché et prend une canette de bière dans un rayon, la boit. Quatre vigiles l’entourent, l’arrêtent et l’entraînent dans les réserves. Puis le battent à mort. Sur la quatrième de couverture, on peut lire que cette fiction est librement inspirée d’un fait divers survenu à Lyon, en décembre 2009. Plus précisément, au magasin Carrefour de Lyon Part-Dieu, le 28 décembre 2009, quatre vigiles ont tué Mickaël Blaise, 25 ans, martiniquais. Une caméra de surveillance a tout enregistré. Il est mort la cage thoracique enfoncée. Lors du procès, le procureur a dit qu’un homme ne devait pas mourir pour si peu (une canette).

 

Dans le texte très oral de Laurent Mauvignier, et à travers le souffle des méandres d’une parole qui veut comprendre à la fois l’acte en lui-même et cette sentence judiciaire, il n’est pas dit que le jeune homme est noir, ou homosexuel. Plein d’autres choses de la vie sont évoquées. Des souvenirs, souvent heureux. Mais il est d’abord question de détresse et de peur. Et de l’étonnement face à la proximité de la mort. Avant les coups et les insultes, cette peur de la mort est d’abord la peur de manquer, la peur d’avoir soif. Au moment des coups, le narrateur fait parler le mort: «ma mort n’est pas évènement le plus triste de ma vie, ce qui est triste dans ma vie c’est ce monde avec des vigiles et des gens qui s’ignorent dans des vies mortes comme cette pâleur». Les vigiles, eux, disent que la victime représente «tout ce qui leur a fait du mal dans la vie».

 

A travers Ce que j’appelle oubli, Mauvignier donne voix à quelqu’un dont le parcours social lui en prive. Cette parole, adressée au petit frère de la victime, fait entendre le silence de celui qui s’est fait lyncher et assassiner. Le petit frère, lui aussi, reste silencieux. En s’adressant à nous, cette parole nous donne, spectateurs, le statut du frère. Peut-être de frère humain. Ce n’est ni un roman ni une nouvelle mais comme le dit l’auteur lui-même «un texte de voix fait pour la voix, pour être dit, pour rencontrer un public et un plateau».