Topdog/Underdog

Topdog/Underdog

Dans cette pièce, Suzan Lori Parks pose un regard résolument caustique et provocateur sur le drame d’un huis clos familial. Dans l’espace privé d’une chambre miteuse, la dimension intime du lien fraternel est ici encordée à une analyse politique des structures de pouvoirs.

 

La rivalité (topdog – dominant, « cadre » /underdog – dominé, laissé pour compte) qui les oppose est la traduction d’un phénomène de violence symbolique. Malgré le lien de sang et l’histoire familiale commune qui les unit, ils ne peuvent s’empêcher de reproduire les vexations, les humiliations et manipulations qui régissent la société marchande et déshumanisée qui les entoure. Ils rêvent tous deux d’être des « caïds », de ne pas faire partie des « pigeons ». Pour atteindre ce but, l’un et l’autre sont prêts à « blouser » le frère de sang, à l’humilier. Dans la première partie de la pièce, le conflit tourne autour du fait que Booth veut convaincre Lincoln d’abandonner son job et retourner dans l’activité illégale de joueur de bonneteau. Il voudrait que son frère et lui s’associent et deviennent les maîtres de la rue. Lincoln, qui a abandonné le milieu suite au meurtre de son ami et complice, refuse. Il ne porte plus le même regard sur ce style de vie. Depuis que son ex-femme l’a quitté, il ne veut qu’une seule chose : mener une vie paisible et ordinaire. Travailler, rentrer, manger, boire, se souvenir de son enfance et se reposer avant une nouvelle journée de travail. Booth ne l’entend pas de cette oreille. Il entretient une relation amoureuse avec une jeune femme, Grace, qu’il veut épater. Dans la deuxième partie, la résolution du conflit ébranle les rêves de Booth. Grace le quitte, Lincoln l’arnaque.

L’utilisation des noms « Lincoln » et « Booth » fournit les moyens d’une ré-écriture de l’Histoire ironique et parodique. L’auteure crée un espace critique du rire qui questionne l’histoire sociale des Etats-Unis.

 

Lincoln: T’as rien niqué du tout cette nuit.

 

Booth: Tu es jaloux, man. Oui ja-loux.

 

Lincoln: Tu es couché dans ton coin les couilles pleines à craquer. Oui couché là à attendre que je me rendorme ou tombe dans les vapes que je t’entende pas feuilleter ton magazine de cul.

 

Booth: Je t’emmerde.

 

Lincoln: L’autre semaine j’étais dans ton coinà chercher quelque chose il y au moins cent trucs de cul sous ton pieu c’est tout collant-mêlé on dirait une tignasse de nègre, tu as juté dans les pages et même pas essuyé.

 

Booth: Je suis chaud de la pince. C’est sans arrêt que j’ai besoin de décharger ma libido. Si je ne m’occupais pas de moi je serais toujours sorti à faire la fête ce qui coûte du pognon que je n’ai pas alors je ferai pire : je serais dans la rue à faire dieu sait quoi, à buter mon prochain. J’ai trop de libido pas déchargée. Je suis un chaud lapin. Et j’en suis fier. Quand je n’ai pas de femme je me débrouille tout seul. Pas comme toi, Link. Toi, quand tu n’as pas de femme, tu restes assis là sur ton cul. Tu laisses ça pourrir. Ta queue, si elle n’est pas encore tombée, elle reste là à te pendre entre les jambes on dirait un petit asticot ratatiné de face de craie qui tire à blanc. Moi je dis on a la bite qu’on mérite. La mienne au moins elle est au taquet. Repos. Tu n’es qu’une pauvre couille molle de sale jaloux de face de craie que sa femme a largué parce qu’il n’arrivait plus à bander c’est elle qui me l’a dit. Elle est venue me voir à quatre pattes parce qu’elle avait besoin d’un homme. Repos. Moi Grace cette nuit je l’ai bien niquée. Alors bonne nuit.

 

 

Topdog/Underdog de Suzan Lori Parks

Création en France

 

 

 

 

 

Mise en scène

Philip Boulay

 

Avec

Toto Kisaku Mbengana, Moanda Daddy Kamono et la participation de Androa Mindre Kolo

 

Traduction : Jean-Pierre Richard

Collaboration artistique : Albertine M.Itela

Scénographie : Jean-Christophe Lanquetin

Assistant scénographie : Androa Mindre Kolo

Lumières : Stéphane Loirat

Son: Jean-François Domingues

Costumes : Caroline Tavernier

Construction décor : Henri Monnier

Chargé de production : Jean-Christophe Boissonnade assisté de Charlotte Giteau

 

Remerciements : Tonda Marton, Marie Raymond, Leslie Kaplan, Nicole Birmann (Service Culturel Ambassade de France à New-York), Patricia Cano, Leila et Soraya Darabi, Hilina Seife et Sobukwe Odenga, Marie-Sawiat Ali Saïd, Kired, Tamar Blickstein, Joséphine et Espérance Itela, Sully Boulay et Elyna Boulay-Itela.

 

Production Wor(l)ds…Cie., Le Forum – Scène conventionnée de Blanc-Mesnil, avec les soutiens de la Direction des Affaires Culturelles Ile-de-France (Ministère de la Culture et de la Communication) et du Conseil Général de la Seine-Saint-Denis. Coréalisation : Athénée Théâtre Louis-Jouvet.

 

 

Athénée Théâtre Louis Jouvet du 27 septembre au 20 Octobre 2007

 

Forum Scène conventionnée de Blanc-Mesnil du 25 au 27 octobre 2007

 

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